Chapitre 1 | Hybrides
Texte de Eva Maria Leuenberger
la centaure au zénith
quand on l’a invitée à entrer dans la maison
elle a retiré ses sabots & les a laissés
devant la porte.
alors on a ouvert les noms
jusqu’à voir les cheveux se dresser & et la peau –
nous pourrions
disparaître
ici,
comme le plafond
disparut aussi
quand les coutures craquèrent
& les plumes tels des flocons
sortis de nous, révélés
secouèrent les corps
une vieille tempête
& quand la neige
nous avait presque recouverts
on se tenait enlacés
avec la peau, la fourrure
la respiration
sur les flancs,
avec la chaleur,
soufflant
sa vapeur
au-dedans de nous
& quand elle a plongé
ses doigts dans nos bouches,
on s’est accrochés
en suçant
& plus tard
après les dernières avalanches
alors que les limiers cherchaient
encore les ossements,
nos corps étaient déjà suspendus
plus profond dans la nuit,
avec les étoiles
entre
& les vieilles histoires,
fondues
dans la bouche.